Arts Visuels En Communs, introduction
Les propos tenus lors des Comités Techniques le montrent, dans la construction de la « filière », des approches différentes se font jour. Elles sont plus ou moins perçues et/ou exprimées en tant que telles.
On évoque la nécessaire structuration mais sans en définir les finalités. Certes, on peut considérer que cela pourra se définir « en marchant » et qu’il faut d’abord que les acteurs se découvrent et se connaissent. On pourrait considérer aussi que la démarche filière a maintenant deux ans et qu’il faut lui donner une perspective et des objectifs communs.
La démarche filière trouve son origine dans la mobilisation du CRAC à propos de la politique culturelle régionale. Il n’est donc pas étonnant que soit privilégié un fonctionnement que je qualifie de « Commission Arts Visuels ». Une telle logique conduit à privilégier une forme originale de représentation de la filière/secteur Arts Visuels dans une perspective de concertation, voire de co construction, de la politique régionale, ainsi que d’animation et de régulation de sa mise en œuvre. La structuration alors recherchée se situe dans cette perspective de rapports exclusifs avec l’institution régionale et de co construction de la politique régionale.
Mais, la finalité pourrait être aussi, au-delà de cette fonction de représentation et de concertation, de construire ce que l’on pourrait appeler la « maison commune » des arts visuels en région (AVEC, Arts Visuels En Communs).
La perspective serait alors davantage de construire des ressources communes aux acteurs et d’en faire les bases d’une gouvernance autonome, solidaire et coopérative. Les institutions publiques, la Région et d’autres, pourraient s’y associer. C’est d’ailleurs ce qui se construit déjà, aussi. Lorsqu’on considère qu’une étude faisant « état des lieux » devra permettre un « diagnostic partagé » de la maison Arts Visuels en région, que cela devrait déboucher sur un « Observatoire », on commence à définir les premières briques de cette maison. Il en est de même lorsqu’on aborde la question d’un site commun pouvant aller vers une plateforme rendant visible à tous les activités spécifiques, les ressources potentiellement à partager.
Si on continue le chemin dans ce sens, on va déboucher sur de nouvelles questions, celles du financement et de la valorisation des ressources et des activités. Il faudra alors être créatif pour se dégager d’une alternative simplificatrice entre l’adossement exclusif sur le financement public et le recours au marché.
Une filière Arts Visuels ainsi structurée ne devrait pas renoncer à interpeller les niveaux institutionnels et politiques sur les conditions d’existence pour la création faites aux artistes et autres professionnels indépendants, ainsi que celles des salariés des structures collectives de la filière.
Mais d’une façon volontaire, et par la coopération des acteurs entre eux, il faudrait envisager les contributions de chacun dans la construction des ressources communes et définir les conditions d’accès à ces mêmes ressources, pour les acteurs de la maison commune et pour les publics partenaires. L’élaboration d’une charte des valeurs pourrait y trouver sa base.
Chaque acteur d’une filière ainsi structurée doit trouver sa place dans des rapports économiques qui peuvent être marchands, mais maîtrisés et régulés. La question des chaînes de valeur se trouverait posée, mais ici passée au crible de la solidarité. La filière, ainsi conçue en « Maison Commune », pourrait se montrer créative en élaborant aussi de nouveaux rapports de réciprocité entre ces partenaires associés.