Comprendre la dynamique de développement des activités dans les Tiers Lieux : Quelques propositions

Les projets de Tiers Lieux sont nombreux. D’ores et déjà, ces lieux font partie de l’espace public. Les Institutions publiques leur apportent un soutien. Elles le font sur base du service rendu aux publics concernés ; ce qui est bien dans leurs attributions et leur rôle. Mais, qu’en est-il de ces activités, quelles sont-elles, mais, plus encore, dans quelle dynamique ces activités sont-elles développées ? La spécificité des modes de développement des activités privilégiés dans ces Tiers Lieux est de nature à concrétiser les buts et objectifs que ces lieux se donnent.

Si « Faire Tiers Lieux » c’est définir un espace – temps au sein duquel des personnes font des « choses » ensemble, de manière autonome, il faut s’interroger sur les conditions matérielles, intellectuelles et politiques d’un tel espace-temps.

Autonomie ne signifie pas autarcie, fermeture (propriété) et indépendance vis-à-vis de l’extérieur.

Mais plutôt, agir en coopération dans un écosystème de confiance, faciliter la capacité de tous et de chacun à déterminer effectivement des règles de fonctionnement et d’usage.

(D’après https://movilab.org/wiki/LaMyne)

Pour cela, il faut s’interroger sur :

  • La construction des « activités » selon les niveaux de maîtrise d’ouvrage / d’œuvre / d’usages
    • Co construction originale d’une activité par un « collectif » constituant, tout ou partie de la communauté porteuse du lieu
    • Reprise d’un « service » préexistant au développement du lieu
      • Reprise intégrale ou adaptée d’un service existant « sur le marché », et dont l’accès est éventuellement assuré par un partenaire/prestataire extérieur au lieu
      • Reprise intégrale ou aménagée d’un service « social », assuré par un opérateur extérieur tirant ses ressources de financements publics, privés, ou hybrides
    • Les ressources (les moyens, mais envisagés comme des ressources, avec leur financement, les conditions de maintenance, de pérennité, de garanties données pour des conditions d’accès)
    • Les accès aux ressources construites ou mises à disposition
  • Les usages et accès des espaces circonscrits :
    • Mise à disposition des activités/services, et leurs conditions d’accès et d’usages
    • Accès et usages non prescrits, laissés à libre disposition individuelle et collective
  • Les externalités du tiers lieu :
    • ce qu’il apporte à l’écosystème,
    • au territoire,
    • à l’environnement

Il s’agirait donc de mieux comprendre comment se construisent les « activités » et leurs usages. Il faudrait demander aux porteurs de projets de Tiers Lieux comment ils s’y sont pris ou comptent s’y prendre ; l’accompagnement éventuel qui peut leur être apporté ne doit-il pas se situer d’abord à ce niveau.

Il ne faudrait pas se contenter de généralités à ce sujet mais de leur faire exprimer leurs intentions et expériences en la matière, leur en demander des exemples concrets, comment, qui, avec quels moyens, etc.

Des cas récents de TL présentés devant le comité AAP TL MEL permettent de comprendre les logiques de construction, mise à disposition d’activités.

Deux exemples, présentés de façon schématique :

T….. E….

Faire Tiers Lieu à partir d’une offre, au départ, commerciale, menée de façon « entrepreneuriale » classique,

avec développement progressif de clientèles spécifiques devant s’agréger en communauté,

avec une gouvernance sur base d’une sarl classique formée par les deux associées,

et qui est présentée comme devant s’ouvrir, au fur et à mesure de la construction de cette communauté,

la question du changement de structure n’étant pas explicitement posée,

la formation de la communauté étant, d’une certaine façon, présentée comme un coût que le TL(?) abordera quand il aura trouvé un équilibre économie,

le rôle de la communauté n’étant pas pensé dans l’équilibre économique global du lieu

U……

Faire Tiers Lieu à partir d’une démarche basée sur un « labo d’expérimentation d’usages » porté par un Centre Social,

en rupture avec une conception d’activités sociales « en catalogue » justifiant l’agrément de financement donné par la CAF et autres financeurs publics,

le labo prend la forme d’un espace provisoire de co construction/ maitrise d’usages,

un espace virtuel provisoire, délimité par des palettes sur un parking de la résidence qui constitue le cœur du territoire visé,

un espace matériel (un local dans la résidence)

La gouvernance spécifique du TL est envisagé en parallèle et en rupture avec celle du Centre Social.

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