|

Agir dans des territoires en espaces de réciprocité

Animer et/ou coordonner un espace qui s’efforce de faire primer la réciprocité sur les autres logiques de valorisation (le marché et la redistribution publique) sans en exclure aucun et en les mettant au service du commun.

Animer veut dire donner une âme, une perspective, un sens commun.

Coordonner veut dire jouer un rôle dans la régulation des actions mises en œuvre par et pour les acteurs coalisés.

Il met en relation des configurations d’acteurs spécifiques selon les contextes.

Il se donne comme ambition de faire partager des actions concrètes qui s’appuient sur la perspective de faire primer la réciprocité pour apporter des solutions en s’appuyant sur l’existant des solidarités locales et des organisations (entreprises sous différents statuts et associations sous différentes configurations) tout en faisant vivre une perspective commune potentielle, sans la circonscrire aux limites et frontières instituées, une perspective du « pouvoir de vivre » en réciprocité, en quelque sorte.

Dans cette perspective, on aide à établir de nouveaux rapports entre les acteurs ; des rapports nouveaux parce qu’ils supposent des rencontres et des mises en relation qui ne se faisaient pas avant ou dans des cadres réglementaires fermées, mais aussi des rapports nouveaux dans la mesure où les acteurs changent, se changent, « s’ajustent » différemment, s’autorisent à établir entre eux-elles de nouvelles conventions d’existence, les argumentent entre eux, en délibèrent, et s’en font les hérauts/héros.

Un espace localisé, mais déterritorialisé

Il me semble qu’il faut prévenir un double enfermement et une double limite.

Certaines approches du « territoire » renforcent les limites et les actions en réciprocité. Les solutions sur lesquelles on peut s’appuyer ne prennent pas leur sens dans les limites géographiques ou institutionnelles du territoire. Je pense en particulier aux actions de solidarité, sécurité, des marchés, du travail notamment.

La construction des solidarités doit trouver un juste positionnement par rapport aux institutions existantes, les collectivités territoriales notamment, dans la conduite des processus instituants : pas « contre », en opposition de principe, mais pas instrumentalisé ; pas relégué à la périphérie marginalisée de l’action publique portée par une composante minoritaire (élu.es et techniciens, déléguées à l’ESS…), éventuellement plus éloigné de l’exécutif politique local mais davantage en prise avec une instance transverse en capacité d’influence politique (comité économique et etc.s, conseil de développement local, à envisager spécifiquement selon les « territoires »…)

La question de l’adhésion à l’« association » qui se veut animatrice de l’« espace localisé », se pose mais, me semble-t-il, doit être envisagée au bon moment lorsque l’engagement des personnes physiques et morales dans les perspectives d’action en commun se précisent.

Elle se pose à tous les acteurs engagés dans la construction locale mais dans un contexte où doivent être clarifiées, conventionnées, les réponses pratiques que l’on donne à la déclinaison locale des rapports de maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre et maîtrise d’usages.

Dans ces différents contextes locaux de création d’espaces de réciprocité – Les plateformes coopératives solidaires sont à leur façon des espaces de réciprocité-, les différents acteurs contribuent (génèrent des valeurs), se cotisent pour créer des mutualités, « s’entreprennent » par des entreprises collectives et « s’entredettent » par la mise en communs d’une économie de ressources et d’une politique démocratique.

Comment faire ?

Tout cela ne dit pas précisément comment faire concrètement pour se mettre dans les conditions de développer un espace de réciprocité, comme assemblée des « collectifs » (en communs, en associations, en coalitions, en « trucs » -tous résidents usagers des communs sociaux- en tissant les alternatives solidaire locales, comme autant de pratiques citoyennes dans les différents domaines d’exercice de droits (sociaux, au logement, à l’emploi, culturels, aux soins et à une alimentation saine, etc…).

Dans les territoires où nous nous proposons d’« intervenir », et sans en faire une recette absolue, nous pourrions faire en sorte que les « cahiers de doléance », s’il y a en eu de rédiger sur le territoire, puissent trouver une voix/voie d’expression et de prise en considération.

Comment assurer une « présence » politique ? A coup sur, elle ne peut pas être continue, ni forcément identifiée à un lieu ou même à un écosystème localisé.

Pourquoi pas envisager une dynamique de rencontres/résidences, des moments plus ou moins en phase et synergie avec des dispositifs locaux de « concertation » ?

Publications similaires